BITECK DE BONG Esaïe Charly

Force est de constater que l’Eglise, aujourd’hui, commence prendre conscience de la nécessité de s’investir dans le social. Autrefois dans notre pays (le Cameroun), on se contentait de prêcher(campagne d’évangélisation, porte à porte, distribution de littérature chrétienne),le seul aspect humanitaire ou social consistait à aller dans les hopitaux et les prisons prier pour les malades, faire des dons…et toujours en faisant l’effort de mettre en avant le nom de la congrégation  ou du leader du mouvement.

Quand l’humanitaire/le social est envisagé dans l’Eglise aujourd’hui c’est avec l’espoir que les actions initiées permettront à la congrégation  d’augmenter le nombre de ses adeptes ; du coup la réussite d’une action humanitaire/social est traduite par le nombre d’âme gagnées. On semble en être arrivé à oublier le célèbre " heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu" (Mat 5 :9).

Notre qualité d’ "enfant de Dieu" exige que nous nous appliquions à procurer la paix à nos semblables, de façon GRATUITE et DESINTERESSEE, à l’image de notre Père qui " fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes " (Math 5 :45). La charité que le Seigneur nous recommande à l’égard de tous les hommes est une dette que nous avons vis-à-vis d’eux, un devoir sacré, et non une espèce de filet que nous utiliserions pour pécher des âmes. L’expression de notre amour pour les autres peut entraîner leur conversion, mais ce n’est pas le but du commandement  de Math 22 :9. Le Seigneur nous demande d’aimer pour aimer, de même que Lui-même nous a aimés et nous le prouve sans espérer une quelconque contrepartie. Déjà que nous avons du mal à souvent lui dire notre gratitude !

Nous ne devrions pas être bons et bienveillants envers les autres parce que nous aimerions qu’ils rejoignent nos convictions, autrement nous serions des manipulateurs, et nos initiatives " bienveillantes " ne seraient qu’une honteuse mascarade.  Ceci pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi il est difficile à certains chrétiens d’initier des actions sociales en faveurs des bouddhistes, Témoins de Jéhovah, et toutes ces communautés si attachées à leurs convictions !

La détresse humaine devrait être le seul élément déclencheur de notre dimension humaine, voire divine, peut importe l’appartenance religieuse des potentiels bénéficiaires, leur race,/ethnie.

«  Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,

 afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n’agissent-ils pas de même ?

Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens aussi n’agissent-ils pas de même ?

Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. »(Math5 :44-46).

Si  l’expression de notre charité est limitée par des considérations raciales, ethniques ou religieuses, nous sommes des enfants indignes.

Je sais qu’un projet  visant à distribuer  des vivres à une communauté musulmane (où l’on ne peut aisément parler de Jésus Christ sans offenser l’auditoire) se heurtera à des questions du genre « qu’est ce que le Seigneur y gagne » ? Ma réponse la plus évidente sera : la joie de nous voir nous agir comme lui !

L’amour implique aussi le respect  des convictions et des choix des autres. Car respecter les choix et croyances d’autrui c’est respecter sa liberté ; et nous savons que Dieu Lui-même n’a JAMAIS contraint l’homme à le servir, quoiqu’il en ait tous les droits et pouvoirs.  

 C'est cet esprit qui a donné naissance à l'association Le Conseiller que je vous ferai découvrir volontiers dans la catégorie "Mes initiatives"!