BITECK DE BONG Esaïe Charly

S'il est une chose à laquelle aspirent tous les chrétiens (ou presque), c'est bien l'élévation! Et pourtant il est écrit:"N'aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble." (Rom 12:16b!) Dans les prophéties et prédications faites dans nos églises chrétiennes aujourd'hui, le message le plus acclamé par les frères et sœurs est celui qui leur annonce que Dieu déclare qu'ils seront très bientôt au-dessus des autres (spirituellement, matériellement), qu'ils auront l'abondance et voyageront de part le monde entier, et que la gloire de Dieu sera évidente dans leurs vies; bref, que Dieu veut les amener à un autre niveau d'élévation… Chacun travaille à son élévation, et les résultats visibles se présentent comme étant la preuve que l'on est avec Dieu.

Ainsi comprenons-nous mieux cette opinion qui a pignon sur rue dans le milieu chrétien et qui voudrait que la spiritualité d'un serviteur de Dieu se mesure à sa croissance (élévation) matérielle, financière voir même sociale. "Si vous êtes pauvre, c'est certainement faute de sérieux avec Dieu!" Et Pan! La course à la démarcation matérielle, financière et sociale étant ainsi lancée, l'on est prêt à toute sorte d'hypocrisie et de filouterie, aux fins de faire bonne impression et être nommés parmi les "plus grands hommes de Dieu", ayant ainsi droit aux privilèges des grands (salutations révérencieuses, plats et places distinctifs lors des rassemblements, etc.). Les Saintes Ecritures nous avertissent contre de tels " grands hommes de Dieu contemporains ". "Gardez-vous des scribes, qui aiment à se promener en robes longues, et à être salués dans les places publiques; qui recherchent les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places dans les festins…" (Marc 12:38 - 39). Il est vrai que la Bible regorge de merveilleuses promesses pour le juste (Ps 34:11; 37:4, 25, 34; 145:19; Prov. 8:20-21) mais est-ce pour autant que l'élévation doit devenir une fin en soi, un but à atteindre à "tout prix"?

L'histoire ne nous a-t-elle pas montré qu'un cœur qui connaît la gloire sans y avoir été préparé bascule TOUJOURS dans une folie qui le plus souvent conduit à la mort? Les excès et abus, tant dans notre société que dans l'histoire, ne sont- ils pas le fait de l'arrivisme? Nous avons encore le souvenir de Salomon qui n'a aspiré ni à la gloire, ni aux richesses, mais qui soupirait plutôt après un cœur juste et droit pour Dieu (1 Rois 3:9). Et quand on se souvient qu'il a fallu 13 ans de brisement et de préparation à Joseph pour être élevé, et que le Seigneur Jésus-Christ Lui-même n'a été souverainement élevé qu'après beaucoup de misère, on se demande si les aspirants aux hauteurs sont préparés au "revers de l'élévation". Nul doute qu'une position qu'on s'est donné la peine d'atteindre (au prix parfois de bien de détours, manipulations et mensonges) se révèle souvent être une idole. Et elle se défend mordicus quand elle est menacée par un besoin vital d'humiliation (Ps 119:71):s'humilier devient alors une marque de faiblesse, et l'erreur à ne pas commettre. Cela expliquerait bien le fait que certaines de nos "autorités vedettes" dans l'Eglise ne soient pas toujours promptes à reconnaître publiquement leurs torts, faiblesses, erreurs et égarements, pour ne pas perdre leur notoriété et peut-être même leur autorité.
C'est à se demander ce qui importe entre les honneurs et acclamations des hommes dans le péché, et une vie d'authenticité avec Dieu loin des regards approbateurs et révérencieux des hommes. Et vous que préférez-vous?
"Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perdait son âme? Ou, que donnerait un homme en échange de son âme?" (Math 16:26).
L'élévation oui, mais à quel prix? Que la grâce de Dieu nous soutienne!

Charly BITECK